Bientôt du cash virtuel dans votre portefeuille ?
C’est le 18 octobre 2023 que la Banque centrale européenne a annoncé le début de la phase de préparation de l’euro digital. Concrètement, cela ne signifie pas que vous l’aurez dans votre portefeuille demain, ni même qu’il est déjà certain qu’il verra le jour. Cependant, la BCE a entamé le processus menant à la mise en place des solutions techniques et des accords commerciaux nécessaires pour préparer son éventuelle émission. Cette décision d’émettre des euros digitaux sera, tout comme celle de rentrer en phase de préparation, entre les mains du conseil des gouverneurs de la BCE, une fois que les législateurs européens auront achevé l'élaboration d'un cadre juridique adapté.
Un choix guidé par notre époque
Pour comprendre pleinement l’évolution que représente l'euro digital, il convient de retracer les origines de la monnaie. Des échanges primitifs de biens aux pièces de métal précieux et aux billets de banque modernes, la monnaie a évolué vers des formes de paiement plus pratiques pour refléter les besoins changeants de nos civilisations.
Des initiatives telles que les cryptoactifs, le métavers, l'intelligence artificielle annoncent indubitablement un changement numérique majeur et notre monnaie doit être prête à faire face à un tel développement.
Aujourd’hui, la confiance en l'émetteur, qu'il s'agisse de l'État ou d'une autorité monétaire, est la clef de voûte de la valeur monétaire. Au fil du temps, la monnaie est devenue un symbole physique de confiance en l’entité émettrice, en se déconnectant de la valeur matérielle qui la soutenait autrefois. Mais que se produirait-il si nous laissions également de côté ce caractère purement physique ? Des initiatives telles que les cryptoactifs, le métavers, l'intelligence artificielle annoncent indubitablement un changement numérique majeur et notre monnaie doit être prête à faire face à un tel développement.
La continuité comme mot d’ordre
L’euro digital fusionnerait donc habilement les caractéristiques fondamentales de l'euro cash qui nous sont chères comme la confidentialité, l’utilisation hors ligne[1], l’acceptation obligatoire ou encore l’uniformité européenne, avec les facilités offertes par la technologie moderne. Son éventail d’utilisations couvrirait toutes les situations de paiement de détail, qu'il s'agisse de transactions entre particuliers, d'achats chez les commerçants ou en e-commerce, ou encore de règlements auprès des pouvoirs publics. En somme, il deviendrait un véritable cash virtuel, que vous pourriez utiliser pour vos paiements électroniques en toutes circonstances : partout, pour tout et avec tout le monde, sans jamais devoir vous demander s’il sera accepté par les commerçants.
Numérique ET confidentiel
Le simple fait d’évoquer le numérique pose évidemment l’épineuse question de l’équilibre entre la sécurité des transactions et la confidentialité des données personnelles, la protection de la vie privée étant une condition sine qua non à l’adoption d’une monnaie digitale par le grand public.
À cet égard, l'euro digital se démarque en plaçant la confidentialité au cœur de son concept.
Il vous permettra d'effectuer des petits paiements « hors ligne », préservant votre vie privée à la manière de l'anonymat offert par l’euro cash. Techniquement, la banque (ou tout autre prestataire de service de paiement) grâce auquel vous effectuerez vos transactions n’aurait aucun moyen de savoir à qui et combien vous avez versé d’argent en mode « hors ligne ». La seule information dont il disposerait serait le montant disponible dans votre portefeuille virtuel avant que vous ne passiez « hors ligne », ainsi que le montant avec lequel vous revenez en ligne. Tout ce qui se sera passé entre temps devrait être strictement confidentiel.
La confidentialité est au coeur du concept d'euro digital. Il permettra des petits paiements « hors ligne », préservant votre vie privée à la manière de l'anonymat offert par le cash.
Parallèlement, les transactions en ligne assureraient une confidentialité identique à celle des paiements électroniques que vous réalisez au quotidien. Les contrôles visant à repérer toute utilisation potentiellement criminelle de l'euro digital seraient effectués par votre prestataire de service de paiement, comme pour vos paiements actuels. Ce mode « en ligne » permettrait également de réaliser des transactions au-delà du montant maximum d'euros numériques (actuellement envisagé à 3000 €) que vous pourrez détenir. Dans ce cas, le montant supplémentaire serait automatiquement prélevé ou déposé sur votre compte bancaire commercial lié.
Adieu pièces et billets ?
L’éventuelle arrivée de l’euro virtuel impliquera-t-elle la disparition du cash ? Pas du tout ! À la Banque nationale de Belgique, on est convaincu que le cash conservera son importance à l'avenir ; en témoigne l’investissement réalisé dans la construction d’un nouveau Cash center à Zellik, dans la périphérie bruxelloise.
L'argent liquide demeure un acteur central et, d’ailleurs, une législation européenne est en cours d’élaboration pour en renforcer le statut. Cette protection légale visera à harmoniser l'acceptation et l'utilisation du cash dans toute la zone euro. La potentielle transition vers l'euro digital est en réalité une évolution harmonieuse, où les deux formes de monnaie coexisteraient, avec les distributeurs automatiques de billets comme passerelle, afin de vous offrir un maximum de flexibilité.
Alors, cet euro virtuel, existera-t-il bel et bien un jour ? Comme évoqué au début de cet article, la patience sera de mise avant de pouvoir vous mettre en quête d’un portefeuille 2.0. Dans tous les cas, que vous soyez féru(e) de technologie ou simplement curieux de découvrir comment l'avenir financier se dessine, l'euro digital méritera assurément votre attention : l'histoire des innovations monétaires nous a toujours confrontés à des défis et à des opportunités, et il est peu probable que celle-ci fasse exception à la règle !
[1] Les terminaux de paiements classiques nécessitent une connexion Internet pour pouvoir fonctionner.
