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Mise à jour du tableau de bord sur le climat : mesurer, c’est savoir

13 juillet 2023
Climat
Il est peu probable que nous parvenions encore à limiter le réchauffement de la planète à 1,5°C. C’est ce qui ressort du tableau de bord sur le climat de la Banque nationale de Belgique (BNB), qui vient d’être mis à jour.

Quelle quantité de gaz à effet de serre pouvons-nous encore émettre si nous voulons limiter le réchauffement planétaire à 1,5°C ? Combien coûtera la transition vers une économie climatiquement neutre ? Le tableau de bord sur le climat de la BNB est une source d’informations précieuse pour toute personne qui s’intéresse de près au changement climatique. Mesurer, c’est savoir, et le savoir peut à son tour modifier les comportements et aider à prendre des décisions éclairées.

Il y a trois grandes catégories d’indicateurs dans le tableau de bord :

  1. Des chiffres sur les émissions de gaz à effet de serre et la consommation d’énergie, tant au niveau mondial qu’à l’échelle de l’économie belge. Ils montrent quels secteurs et quels acteurs économiques (entreprises et ménages) contribuent le plus au changement climatique et sont ainsi les plus exposés aux risques de la transition vers une économie climatiquement neutre.
  2. Des données sur le contexte économique au sens large. Celles-ci vont du coût de différentes sources d’énergie à la compétitivité des énergies renouvelables, en passant par le prix du carbone et sa taxation.
  3. Des indicateurs sur la finance durable, tels que les progrès dans l’émission d’obligations vertes, et sur les risques financiers liés au climat auxquels les établissements financiers sont exposés. Il s’agit tant des risques physiques, comme l’impact de l’augmentation de la sécheresse sur la solvabilité des entreprises agricoles, que des risques dits de transition. Ces derniers sont provoqués par des changements brusques de la réglementation ou des préférences des consommateurs et des investisseurs, ou encore par des innovations technologiques.

Les émissions de gaz à effet de serre et la consommation d’énergie

Le tableau de bord nous apprend que les émissions mondiales de gaz à effet de serre continuent d’augmenter. Compte tenu du niveau actuel des émissions, nous atteindrions le volume total des rejets à ne pas dépasser pour limiter le réchauffement à 1,5°C dans moins de dix ans. En effet, c'est la limite qui a été fixée dans l'Accord de Paris sur le climat, et les scientifiques s'accordent à dire qu'un réchauffement supplémentaire pourrait avoir des conséquences catastrophiques pour notre société. Il semble de plus en plus irréaliste de penser que nous parviendrons encore à inverser à temps la tendance à l’augmentation des émissions. Ainsi, l'augmentation effective de la température dépassera très probablement 1,5°C. Un calcul approximatif montre cependant que les coûts macroéconomiques de la transition vers la neutralité climatique, avec des émissions nettes de gaz à effet de serre nulles, sont gérables (cf. Blog BNB du 6 juin 2023).

Il est peu probable que nous parvenions encore à atteindre l’objectif de limitation du réchauffement climatique à 1,5°C

Émissions mondiales annuelles de gaz à effet de serre/carbone

Sources : Global Carbon Project, Carbon Dioxide Information Analysis Centre.

Le contexte économique au sens large

Le prix du carbone a un rôle majeur à jouer pour faire en sorte que les produits et les activités à faible teneur en carbone deviennent moins chers que ceux à haute teneur en carbone, ce qui permettrait de réorienter les investissements vers une économie décarbonée. Cela peut prendre la forme d’un système d’échange de quotas d’émission, dans le cadre duquel la quantité maximale d’émissions autorisée pendant une période donnée est limitée (quota). Les entreprises peuvent ainsi échanger leurs droits d’émission pour couvrir leurs émissions. Le système d’échange de quotas d’émission de l’UE induit donc un prix du carbone pour le secteur de l’électricité, les secteurs industriels à forte intensité énergétique (par exemple, les raffineries de pétrole, l’industrie de la sidérurgie, la production de ciment) et l’aviation intérieure (les vols en Europe), et il couvre près de 40 % des émissions totales de gaz à effet de serre de l’UE. Les autres émissions – qui proviennent notamment des secteurs du bâtiment, du transport et de l’agriculture – ne sont pour le moment pas couvertes par ce système. Dans les années à venir, ce système sera toutefois étendu aux secteurs du bâtiment et du transport.

Système d’échange de quotas d’émission de l’UE - prix du carbone

Sandbag carbon price viewer, consulted on 22 June 2023

Une autre forme de tarification du carbone est la taxe carbone, qui est prélevée sur le prix de vente de produits ou de services en fonction de la quantité de gaz à effet de serre émise. Le recours à la taxe carbone varie fortement d’un secteur à l’autre. En Belgique, les taxes carbone pour les secteurs industriels et du bâtiment qui ne sont pas couverts par le système d’échange de quotas d’émission sont très basses par rapport aux autres pays européens.

En Belgique, les taxes carbone pour les secteurs industriels et du bâtiment qui ne sont pas couverts par le système d’échange de quotas d’émission de l’UE sont très basses

Financement durable et risques financiers liés au climat

Dans la dernière version du tableau de bord, de nouveaux graphiques sur les risques liés au climat et sur les investissements verts des établissements financiers sont désormais disponibles. Ceux-ci sont réalisés sur la base des statistiques que la Banque centrale européenne (BCE) a commencé à publier au début de cette année (cf. Blog BNB du 27 janvier 2023). Il en ressort que, même si les établissements financiers et entreprises belges émettent toujours plus d’obligations vertes, l’encours de celles-ci représente toutefois toujours moins de 3 % de l’encours total des obligations en circulation. Nous en déduisons par ailleurs qu’à la fin de 2020, l’empreinte carbone des portefeuilles de titres des établissements belges était en moyenne inférieure à celle de l’ensemble des établissements financiers de la zone euro. Les secteurs ou entreprises à forte empreinte carbone sont considérés comme présentant un risque de transition élevé. Ceux-ci sont effectivement plus vulnérables à des mesures de politique additionnelles ou à des changements technologiques ainsi qu’aux préférences du marché visant une plus grande durabilité. Enfin, il s’avère que l’immobilier, et plus particulièrement son inefficacité énergétique, constitue la principale source des risques de transition pour les établissements financiers belges.

Encours des obligations vertes en circulation en Belgique

Emissions des secteurs financier et non-financier - toutes les obligations étiquetées vertes par l’émetteur sont incluses. Source : BCE.
Il manque encore des données relatives au financement des réductions d’émissions par le secteur financier

À suivre

Nous devrions être en mesure d’intégrer de plus en plus d’informations dans les versions ultérieures de notre tableau de bord sur le climat. Le manque d’informations utiles apparaît en effet invariablement comme l’un des principaux obstacles lorsqu’il s’agit d’évaluer l’incidence du changement climatique et de la transition vers la neutralité climatique sur l’économie et sur le système financier.

Les entreprises et les établissements financiers s’occupent largement de collecter davantage de données en la matière, et ils sont de plus en plus tenus de les publier. Les données mises à disposition par les entreprises sont importantes pour les établissements financiers. En effet, ces derniers financent ces entreprises par des prêts ou des achats de titres. Ils sont donc à leur tour exposés aux mêmes risques liés au climat. Les informations collectées nous permettent ainsi de compléter le tableau de bord sur le climat.

L’un des thèmes sur lesquels nous souhaiterions publier des informations plus détaillées à l’avenir, mais pour lequel les données manquent, concerne l’exposition des entreprises et des établissements financiers aux risques physiques. Nous songeons aux inondations résultant de précipitations extrêmes ou aux périodes de sécheresse intense. Les premières données collectées à ce sujet par la BCE pour le secteur financier indiquent que ces risques sont limités à court et à moyen termes pour le secteur financier belge. Il faut toutefois garder à l’esprit que ces indicateurs sont encore incomplets et qu’ils ne tiennent pas suffisamment compte des évolutions futures.

Le financement des réductions d’émissions par le secteur financier constitue un autre exemple de données encore manquantes. Aujourd’hui, les indicateurs relatifs aux risques de transition se concentrent surtout sur la mesure des expositions aux entreprises et aux secteurs à forte intensité d’émission, sans tenir compte des plans de réduction des émissions élaborés par ces firmes. Le financement de ces réductions représente pourtant un puissant levier en vue de soutenir la transition et de limiter les risques liés au climat.

Le tableau de bord sur le climat est une réalisation du Climate Hub, qui coordonne toutes les initiatives liées au changement climatique et au financement durable au sein de la BNB. Au travers de cette initiative, la BNB s’efforce d’encore mieux informer le grand public quant aux conséquences économiques et financières du changement climatique et de la transition vers la fin des émissions nettes de gaz à effet de serre. Vous pouvez également y découvrir comment l’économie réelle et le secteur financier contribuent au changement climatique et à la transition climatique.

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