Journées du Patrimoine à Bruxelles & Exposition temporaire “COSTUMIZED”
L’installation permanente « Costumized » est le résultat d'une collaboration entre la Banque nationale et le département de Stylisme et de la Création de Mode(s) de ENSAV – La Cambre. Sous la supervision de la professeur Solange Thiry, les étudiants ont retravaillé les costumes originaux des huissiers de l'Hôtel du gouverneur.
Huissier de l’Hôtel du gouverneur
Vêtus d'un manteau de laine bleu foncé, orné d'une double rangée de boutons en argent, les huissiers recevaient les invités à l'Hôtel du Gouverneur. Leur présence était discrète, mais essentielle au bon fonctionnement de ce dernier. Leurs habits se caractérisaient par la sobriété et l’attention portée aux détails, tels que les boutons en argent aux initiales de la Banque nationale. Jusqu'en 1957, le Gouverneur et sa famille ont vécu dans l'hôtel. Avec leur départ, la fonction d'huissier a disparu progressivement.
Lors de la rénovation des étages du grenier de l'Hôtel en 2015, l'équipe de la collection d’art a retrouvé sur les costumes historiques des huissiers. Ensuite, nous avons pris contact avec L'École nationale supérieure des arts visuels de La Cambre, où l’atelier de stylisme s'est occupé des costumes. Les étudiants ont été encouragés à remettre en question le concept classique d'un uniforme et à intégrer une broderie originale dans la conception. À l’issue de ce projet, cinq costumes ont été acquis par la collection d’art contemporain. Aujourd’hui, l’installation « Costumized » vous propose un dialogue entre l’apport contemporain de ces créations et l’espace historique de l’Hôtel.
Luna Bersanetti
« En me servant de la doublure du costume original, j’ai pu retourner la veste, au sens propre comme au figuré. Mes principales inspirations ont été l’industrialisation et le futurisme, conjugués à une approche féministe. Cette pièce présente une coupe assez féminine – en raison de la taille étroite et de la jupe rendue bouffante par les pièces de remplissage autour des hanches. Par contraste, les bords dentelés des coutures rappellent les bleus de travail. Les marques distinctives du vêtement original ont été intégrées à mes propres créations, brodées sur les manches. L’ensemble représente le mouvement et la vélocité. L’industrialisme du XXe siècle est historiquement un récit masculin. Pourtant, cette pièce célèbre la femme émancipée, capable de réaliser tout ce qu’elle veut. Ce costume original destiné aux hommes a reçu une nouvelle vie, conçue pour les femmes. » — Luna Bersanetti
Clémentine Leguerec
Dans ce projet, Clémentine explore la beauté et le mystère de la féminité. Dans un sweat-shirt à capuche confortable, le porteur a le choix de dévoiler ou de dissimuler son devant ou son dos. Les perles donnent au design une dimension dynamique et sensuelle.
Yue Teng
« Les concepts de la déconstruction / reconstruction sont au cœur de mon projet. La structure originale du costume, mesurée avec précision, épousait parfaitement la silhouette. J’ai décidé d’ouvrir toutes les coutures d’origine et de restructurer les pièces d’étoffe. On obtient alors une veste plus légère, qui donne une grande liberté de mouvement… Un vêtement idéal pour flâner en ville. Une broderie au néon ondule autour du corps pour mettre l’accent sur le thème de la déambulation. Le promeneur est ainsi mieux visible de jour comme de nuit et se sent plus en sécurité dans la pénombre. » — Yue Teng
Olivier Requier
« Inspirée du streetwear, cette pièce se démarque par sa simplicité : les détails minimalistes renforcent son caractère unisexe. Les deux pièces indépendantes (un gilet court et confortable associé à une cape ajustable) sont liées par les détails fougueux et colorés dessinés à l’arrière des bras et dans le dos. Les formes organiques qui jaillissent des fentes sombres captent l’attention, évoquant pour les uns des doigts, pour les autres des plantes, des mamelles, ou même un porc‑épic. L’œuvre invite à l’exploration par le toucher, tout en restant très confortable. » — Olivier Requier
Constant Even
« Ce blouson reprend les codes vestimentaires de la tauromachie en donnant une touche contemporaine à la décoration originale de la veste du matador. La répétition des motifs, composés d’imprimés translucides en 3D, semble évoquer le vieillissement du matador, sa nostalgie des combats dans l’arène, l’absence du public. Au-delà du manichéisme apparent, Tous les méchants doivent mourir pose indirectement la question de la tension entre tradition et progrès dans les sociétés contemporaines. » — Constant Even