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Partager le congé parental pour réduire les inégalités de genre

08 mars 2023
Gender gap
Comment concilier vie de famille et vie professionnelle ? Le congé parental peut être une solution, mais il n’est toutefois pas dénué de conséquences. Il ralentit l’accumulation d’expérience professionnelle, avec de possibles répercussions sur la rémunération et sur les opportunités de carrière. Aujourd’hui encore, la plupart des femmes assument la majorité des responsabilités familiales. À ce titre, elles sont les principales utilisatrices du congé parental. C’est pourquoi le Conseil supérieur de l’emploi, dont le vice-gouverneur Steven Vanackere assure la vice-présidence, plaide pour un partage équitable du congé parental entre les parents.

Le Conseil supérieur de l’emploi, dont les travaux s’appuient fortement sur les contributions de collaborateurs de la BNB a consacré son dernier rapport à la participation des femmes au marché du travail[1]. D’importants progrès ont été enregistrés au cours des dernières décennies. De plus en plus de femmes exercent un emploi. Mais il s’agit le plus souvent d’un travail à temps partiel, ce qui leur permet de s’occuper de leurs enfants. Le dilemme entre emploi et responsabilités familiales reste principalement féminin. C’est pourquoi le Conseil supérieur de l’emploi plaide pour un partage obligatoire du congé parental entre les parents.

Le congé parental, pour concilier vie professionnelle et vie de famille…

Le congé parental est un dispositif destiné à faciliter la combinaison entre famille et emploi. C’est un droit individuel, non cessible à l’autre parent. L’interruption peut être prise à temps plein ou à temps partiel, pour une période cumulée comprise entre 4 et 40 mois, jusqu’au 12e anniversaire de l’enfant. Ce n’est pas le seul outil à la disposition des parents. Le crédit-temps pour motif de soin à un enfant de moins de 8 ans présente des modalités assez similaires à celles du congé parental. Ces différents dispositifs sont cumulables et sont accessibles selon les mêmes modalités aux parents.

… avec une incidence négative sur la carrière

En prenant un congé parental, vous ralentissez l’accumulation de votre expérience professionnelle. Cela peut avoir une incidence sur le profil de rémunération et sur les opportunités de carrière.  En outre, certains employeurs considèrent les travailleurs qui recourent à ce type de congé comme moins motivés, faisant passer leur carrière au second plan. Cette perception négative est vraisemblablement plus grande envers les hommes, conformément aux stéréotypes de genre. D’ailleurs, même si les hommes y sont éligibles, les femmes en sont les principales utilisatrices. Cette situation tend à renforcer les stéréotypes et les écarts de genre sur le marché du travail.

En prenant un congé parental, vous ralentissez l’accumulation de votre expérience professionnelle. Cela peut avoir une incidence sur le profil de rémunération et sur les opportunités de carrière.

Pourquoi les femmes font-elles passer leur vie de famille avant leur carrière ?

  1. Dès l’arrivée d’un enfant, les situations respectives des mères et des pères diffèrent
    Les durées des congés accordés aux pères et aux mères lors d’une naissance sont très différentes. Le congé de maternité est de 15 semaines. Le congé de paternité vient pour sa part d’être relevé à 4 semaines le 1er janvier dernier. Dès la naissance de l’enfant, la mère est donc plus souvent présente auprès de celui-ci. Cela peut conduire à une organisation genrée des tâches de chacun des parents. Selon le dernier baromètre de la Ligue des familles[2], 4 pères sur 10 ne prennent pas leur congé de paternité, où seulement en partie. Nombre d’entre eux redoutent des effets négatifs sur leur carrière. Les modalités de l’interruption sont également différentes. Les mères s’arrêtent généralement 15 semaines d’affilée. Les pères modulent leurs congés de paternité selon leurs impératifs familiaux et professionnels. Cette répartition des tâches persiste généralement lorsque la mère reprend le travail.
      
  2. Les stéréotypes de genre façonnent les comportements
    Cette répartition des rôles entre hommes et femmes reflète les stéréotypes de genre. Selon ces normes de genre, la tâche traditionnellement dévolue aux femmes serait de s’occuper de leurs enfants, tandis que celle des hommes serait de subvenir aux besoins matériels de la famille. On constate qu’il y a peu de changements en la matière, malgré la féminisation du marché du travail. Les couples continuent souvent de s’accorder sur cette forme d’organisation. Les mères qui s’investissent dans leur carrière se sentiraient jugées et critiquées. Les hommes qui s’occupent de leurs enfants aussi car cela contrevient aux stéréotypes relatifs à la masculinité. Ceci est d’autant plus regrettable que l’implication des pères dès le plus jeune âge des enfants engendre de multiples bénéfices. Non seulement elle permet de construire une relation privilégiée avec l’enfant, mais elle rend aussi possible un partage plus équilibré des responsabilités familiales, facilitant la participation des femmes au marché du travail.
      
  3. L’écart salarial fait pencher la balance du côté de l’interruption de carrière de la mère
    L’aspect financier joue également sur la décision de réduire le temps de travail de la mère plutôt que celui du père. Le congé parental est indemnisé par un forfait, indépendamment du salaire perçu. Le montant net de l’allocation en cas d’interruption complète est de 879,15 euros. Comme, au sein du couple, la mère perçoit généralement un salaire moindre, c’est elle qui recourt au congé parental, pour limiter la perte de revenu. Pour certains, comme les couples à bas salaires ou les parents isolés, la perte de revenus associée au congé parental rend ce dernier tout simplement inaccessible.

Une obligation de partage du congé parental pour une répartition plus équilibrée des responsabilités familiales

Le Conseil supérieur de l’emploi plaide pour une obligation de partage équitable du congé parental entre les parents. C’est un congé parental accessible uniquement si les deux parents en bénéficient. L’objectif est une répartition plus équilibrée des responsabilités familiales. Si plus de pères utilisent ce dispositif, les mentalités devraient évoluer. Cela devrait réduire la stigmatisation des hommes en congé parental. Les entreprises doivent être encouragées à adopter des politiques en matière de ressources humaines qui ne pénalisent pas les bénéficiaires, hommes ou femmes. L’obligation du partage du congé parental existe déjà dans certains pays, comme la Suède et la Finlande. Ces pays ont de longue date inscrit l’égalité des genres dans leurs priorités.

Même si l’allocation est majorée pour les parents isolés, le congé parental reste inaccessible pour nombre d’entre eux.

Des modalités renforcées pour les familles monoparentales

Au sein des familles monoparentales, les parents isolés doivent assumer seuls les responsabilités familiales et professionnelles. Ils ont besoin de davantage de flexibilité, mais ne disposent que d’un seul salaire. Assumer une perte de revenu est donc plus compliqué. Même si l’allocation est majorée pour les parents isolés, à 1479,99 euros, le congé parental reste inaccessible pour nombre d’entre eux. Ce groupe, qui compte une large majorité de femmes, est en constante progression. Une compensation financière adéquate et une période de congé additionnelle pourraient faciliter la vie de ces familles plus vulnérables. Il est également important d’assurer l’assimilation de ces périodes pour le calcul de la pension. Cela permettrait d’éviter de transposer la précarité au-delà de la vie active.

 

[1] La participation des femmes au marché du travail - Janvier 2023 | Conseil supérieur de l'emploi (belgique.be).

[2] Baromètre des parents 2022, Ligue des familles.

 

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