Dans les coulisses des Belgian Prime News
Discuter et échanger
Dans Belgian Prime News, « Prime » renvoie aux primary dealers des obligations d’État, qui constituent l’essentiel des participants à ces réunions. Ces primary dealers sont des contreparties importantes pour l'Agence de la dette, elle-même chargée de gérer la dette du gouvernement fédéral. Une dette qui s'est chiffrée à pas moins de 453 milliards d'euros en 2021. Elle est financée par, entre autres, les bons du Trésor et les bons d'État. En émettant ces obligations, l'Agence s'appuie sur des institutions financières qui l'aident à placer les obligations d'État et les bons du Trésor auprès d'investisseurs nationaux ou étrangers. On compte actuellement 13 primary dealers reconnus. Parmi eux, on retrouve des noms belges familiers, comme KBC Bank et BNP Paribas Fortis, mais aussi un certain nombre de banques d'investissement étrangères comme Barclays et J.P. Morgan.
Cette réunion trimestrielle est l’occasion idéale pour les participants d'échanger leurs points de vue sur le contexte économique et financier plus large dans lequel opèrent les marchés d’obligations d’État, qu’autrement chacun perçoit et analyse de son point de vue propre. Ainsi, ces contacts réguliers s’avèrent-ils enrichissants pour tous les acteurs présents autour de la table.
Pas le temps de s’ennuyer
À quoi ressemble concrètement l'ordre du jour d’une telle réunion ? En guise d'introduction, l'un des primary dealers esquisse le contexte économique international. Ensuite, Jean Deboutte, directeur de l'Agence de la dette, donne un aperçu de la situation spécifique du marché des obligations d’État belges. Chaque année, lors de la première réunion, en mars, il présente le plan de financement et la stratégie de gestion de la dette pour l'année à venir. Enfin, un des collègues de la Banque nationale ou un économiste d'un primary dealer belge s'exprime sur une question d'actualité concernant l'économie belge. Le tout, bien sûr, entrecoupé d’échanges et de questions. Du point de vue de la Banque, ces informations « à la source » sont très utiles, de même que les intervenants étrangers recueillent des informations supplémentaires sur notre économie.
Réunion d’experts
Économistes en chef des banques privées, experts de la Banque nationale… Ces réunions concentrent une vaste expertise dans le domaine économique. Il arrive régulièrement que les têtes changent et, parfois, on voit revenir un ancien participant occupant une nouvelle fonction. Ainsi, Laurence Boone a-t-elle participé aux réunions du Belgian Prime News alors qu’elle travaillait chez Barclays entre 2006 et 2010. En 2018, elle est devenue économiste en chef de l'OCDE et, depuis quelques semaines, elle occupe le poste de secrétaire d'État française aux affaires européennes.
Une fois par an, Pierre Wunsch, le gouverneur de la BNB, se joint également aux discussions. Il y donne son point de vue sur l'actualité et la politique économiques et, dans le même temps, ces réunions lui permettent de se faire une idée du regard que portent les économistes des banques commerciales sur l'économie.
Bien plus que de la cuisine interne
La réunion fournit également de la matière pour la publication en ligne de la « Belgian Prime News », qui suit près de deux semaines après la réunion, vers la fin de chaque trimestre. Une publication qui en est à sa 97e édition. Utile pour les investisseurs professionnels à propos de la gestion des titres publics belges, elle constitue également une source d'information actualisée (entre autres pour les agences de notation, les institutions internationales ou la presse) sur la situation économique en Belgique, sous un angle davantage axé sur les évolutions conjoncturelles et structurelles.
En effet, chaque participant au Belgian Prime News belge fournit à la Banque nationale une prévision pour certains indicateurs économiques clé, tels que la croissance du PIB, l'inflation, le déficit budgétaire et le ratio de la dette publique. Leurs prévisions portent à la fois sur l'économie belge et sur celle de la zone euro, non seulement pour l’année en cours mais aussi pour les deux années suivantes. Sur base de toutes ces contributions, on établit une « consensus forecast » qui est incluse dans la publication. Le lecteur peut ainsi se faire une idée, en un coup d'œil, de la manière dont les experts prévisionnistes voient l'évolution des économies belge et européenne. En outre, depuis peu, les données sous-jacentes, plus détaillées, sont disponibles sous forme d'annexe Excel sur le site web de la BNB. De quoi permettre à ceux qui le souhaitent d’approfondir le sujet.
Nombreuses incertitudes
Les prévisions fournies par les participants en septembre révèlent une dégradation de leur appréciation de la situation économique par rapport à juin. Tant pour la Belgique que pour la zone euro, la croissance a été revue à la baisse pour l'année prochaine, tandis que l'inflation a été revue à la hausse. Par rapport à la zone euro, la croissance belge résisterait mieux en 2023 et l'inflation serait plus faible. L'inflation belge passerait de 9,2 % cette année à 4,8 % l'année prochaine et à 2 % en 2024. L'inflation de la zone euro, qui fixe le cap de la politique monétaire, passerait également de son niveau record de 8,2 % en 2022 à 2,1 % en 2024. L'incertitude entourant ces prévisions est élevée. À titre d'exemple, pour l'année prochaine, l'économie de la zone euro devrait se contracter de 0,1 %, mais cette moyenne masque des attentes très différentes, le participant le plus pessimiste prévoyant une contraction de 2,2 % et le plus optimiste tablant sur une croissance de 1,1 %.
Pour plus de détails, consultez la dernière édition de la Belgian Prime News !