Vers une normalisation de la politique monétaire : la Banque centrale européenne et la Réserve fédérale suivent chacune leur voie

Depuis plus de dix ans, les banques centrales du monde entier mettent en œuvre des mesures extraordinaires pour atténuer les répercussions économiques des crises antérieures. Ces politiques ont non seulement fait tomber les taux d’intérêt à un niveau proche de leur plancher effectif, mais elles ont aussi gonflé leurs bilans. Telle est la position de départ inhabituelle dans laquelle se trouvaient les banques centrales au moment d’amorcer la normalisation. Il leur faut en outre composer avec la reprise économique actuelle, marquée par des signes de surchauffe et par une inflation élevée, dans un contexte de grande incertitude induit par des chocs exogènes : la guerre en Ukraine, la possible émergence de nouvelles vagues de COVID-19 ou encore des goulets d'étranglement au niveau de l’offre.

Cet article se concentre sur deux banques centrales : la Banque centrale européenne (BCE) et la Réserve fédérale. Il analyse et compare le processus de normalisation en cours dans la zone euro et aux États-Unis dans ce contexte incertain. Il étudie les raisons pour lesquelles la BCE et la Fed avancent chacune à un rythme différent. Enfin, il examine certains défis liés aux perspectives économiques et à la stabilité financière, auxquels ces deux banques centrales sont confrontées sur la voie de la normalisation.