L’incidence sur les marchés financiers de la transition vers une société bas carbone

La crise climatique représente un défi majeur qui sera inévitablement au cœur des décisions politiques dans les prochaines décennies. Pour favoriser la transition vers une économie décarbonée, des réformes approfondies, qui transformeront l’efficacité et la compétitivité des économies belge et européenne, seront nécessaires. A ce titre, le système financier doit atteindre trois objectifs importants: (1) allouer efficacement les capitaux pour promouvoir la transition, (2) aider à couvrir les risques climatiques (y compris ceux générés par la transition) et (3) accroître la transparence pour éviter l’écoblanchiment (greenwashing) et faciliter la détermination du prix des actifs. Cet article revient en détail sur les discussions entourant l’incidence sur les marchés financiers de la transition vers une économie à faibles émissions de carbone.

En premier lieu, cet article parcourt les derniers développements de la recherche concernant la tarification du risque de transition sur les marchés financiers, notamment les éléments pointant l’application d’une prime verte (greenium) sur les marchés boursiers et obligataires. Plusieurs études ont avancé des arguments convaincants en faveur de l’existence d’un greenium sur les actifs verts et ont épinglé d’importantes caractéristiques en fonction desquelles l’ampleur de la prime varie. Toutefois, la grande variabilité de la prime verte complique toute généralisation des résultats et en souligne les importantes limitations auxquelles il faudra remédier à l’avenir.

Ensuite, l’article passe en revue les dernières évolutions réglementaires en date en matière de finance verte en Europe et en Belgique et revient brièvement sur les caractéristiques des normes les plus utilisées quant aux obligations vertes.  Ces réglementations visent à réallouer les flux financiers vers des activités durables et en faveur d’une économie bas carbone, tout en augmentant la confiance des investisseurs dans les actifs sous-jacents (uniformité de la taxinomie et des normes, informations fiables et comparables).

Pour terminer, cet article présente une étude empirique sur le marché des obligations vertes en Belgique, en Allemagne, en France et aux Pays-Bas, et fournit des éléments montrant que l’offre et la demande de ces instruments financiers sont en hausse. En comparaison du marché des obligations vertes en Belgique, ceux des pays voisins semblent plus développés, offrant une plus large sélection d’obligations vertes. Si, dans les premières années suivant l’émergence de ce marché, les émissions étaient principalement le fait des pouvoirs publics, on constate actuellement qu’une part toujours plus grande des émissions provient des sociétés financières et non financières. Sur le front de la demande, les investisseurs consacrent une plus large proportion de leurs portefeuilles obligataires aux obligations vertes. Ce constat vaut particulièrement pour les pays voisins où, à en croire les données disponibles, les obligations vertes représentent entre 3 et 4 % de l’ensemble des obligations détenues. Cela étant, la Belgique rattrape rapidement son retard puisque les obligations vertes représentent quelque 2 % du total des obligations détenues en 2022.