Communiqués de presse - Inflation et activité économique sont-elles mal synchronisées dans la zone euro ?

Ces dernières années, les économies avancées ont généralement enregistré une croissance économique soutenue, combinée à une inflation étonnamment basse. Nombre d’économistes ont ainsi évoqué une énigme de l’« inflation manquante » car, habituellement, l’accélération de l’activité économique et l’inflation vont de pair. Une augmentation des dépenses génère en effet une pression haussière sur la production et sur la demande de main-d’œuvre. Il en découle un accroissement des salaires qui se répercute sur les prix des biens et des services. Au travers de cet article, les auteurs tentent d’évaluer si le lien entre activité économique et inflation est toujours bien vivant dans la zone euro et de voir de quelle manière celle-ci se compare aux États-Unis et au Japon.

Aux États-Unis, la réalisation attendue du double mandat de stabilité des prix et de plein emploi de la banque centrale a permis d’amorcer une normalisation de la politique monétaire dès 2015. Depuis lors, la Réserve fédérale américaine a ainsi réduit la taille de son bilan et relevé à plusieurs reprises ses taux d’intérêt directeurs. Au Japon, en revanche, l’économie reste caractérisée par une atonie persistante de l’inflation, en dépit d’une situation économique favorable et d’un taux de chômage revenu à un niveau plancher.

L'analyse montre que le bas niveau de l’inflation dans la zone euro depuis 2013 s’explique principalement par une sous-utilisation des capacités de production et par une baisse des prix à l’importation. En d’autres termes, il existe encore une marge d’amélioration pour l’activité économique avant que ne survienne une hausse des prix. En outre, la faiblesse de l’inflation tient en partie à la chute passée des cours du pétrole et des autres matières premières, des mouvements qui se sont inversés depuis plusieurs trimestres. En ce sens, la zone euro se compare davantage aux États-Unis, où la modération de l’inflation est un phénomène essentiellement conjoncturel, qu’au Japon, où elle est surtout structurelle et liée à une baisse des anticipations d’inflation.

Deux grandes conclusions émergent de l’article. D’une part, à mesure que la sous-utilisation des capacités de production se dissipera, l’inflation dans la zone euro devrait renouer avec l’objectif de la BCE, à savoir un taux inférieur à, mais proche de, 2 %[1]. D’autre part, pour ce faire, la politique monétaire doit continuer de soutenir la reprise économique en garantissant des conditions financières favorables, mais sans pour autant générer une surchauffe de l’économie.

[1] Pour plus de détails sur l’objectif d’inflation de la BCE, voir Deroose M. et A. Stevens (2017), « Causes et conséquences de la faiblesse de l’inflation dans la zone euro », BNB, Revue économique, juin, 111 125.