Faut-il craindre la montée en puissance de la Chine numérique ?

La Chine s’est hissée au rang de principal producteur et exportateur de produits des technologies de l’information à l’échelle mondiale. Elle héberge aussi quelques innovateurs numériques de renommée internationale comme Alibaba, Tencent et Huawei. À y regarder de plus près, si le secteur chinois des technologies de l’information rattrape rapidement son retard par rapport à ceux de la plupart des économies avancées, il ne se positionne pas encore parmi les leaders mondiaux en la matière. Nous nous livrons à deux études de cas afin d’illustrer le succès en demi-teintes de la Chine dans son développement d’une économie numérique forte. D’une part, le pays se hisse incontestablement au rang de chef de file dans la fourniture de services financiers numériques (portefeuilles numériques, octroi de crédits par les BigTech) et la mise au point d’une monnaie numérique de banque centrale (le renminbi numérique ou e-CNY). D’autre part, il ne maîtrise pas encore les technologies de pointe nécessaires pour produire les semi-conducteurs les plus avancés, ce qui le place dans une position de dépendance à des fournisseurs étrangers de ces cruciales technologies.

La Chine nourrit de grandes ambitions, bien décidée à devenir le principal innovateur (numérique) au monde, et croit en ses chances d’être la première à franchir la ligne d’arrivée grâce à son approche unique en matière de politique industrielle. Conscient de son importance stratégique, le gouvernement chinois accroît toujours plus son emprise sur l’économie numérique. Cela étant, certains des plans et politiques chinois sont accueillis avec hostilité aux États-Unis et dans l’UE, incités à adopter des contre-mesures comme la mise en place de mécanismes de filtrage des investissements ainsi que, pour les États-Unis, l’imposition de restrictions sur les exportations de technologies sensibles vers la Chine. En outre, les États-Unis comme l’UE s’attellent également à revoir à la hausse leurs propres ambitions numériques et technologiques.