Différenciation des salaires en belgique : quel rôle pour la productivité?
Même si elle a rejoint l’Union économique et monétaire, la Belgique a décidé de maintenir le système d’indexation automatique des salaires. Afin d’éviter qu’une hausse de l’inflation n’entraîne systématiquement une détérioration de la compétitivité des entreprises, les négociations salariales y sont dès lors très encadrées.
Ce système de négociation très centralisé permet-il encore une différenciation des salaires suffisante? Les salaires reflètent-ils correctement les caractéristiques des salariés? Aux yeux de l’économiste, les différences de salaire peuvent notamment être justifiées si elles s’expliquent par des différences de productivité. Cette étude exploite des données appariées employeur-travailleur permettant de mettre en évidence les effets des diverses caractéristiques des travailleurs sur la masse salariale de l’entreprise, d’une part, et sur sa productivité, d’autre part. On peut ainsi mieux juger du caractère adéquat des rémunérations.
Selon notre analyse, les écarts d’alignement entre coût salarial et productivité demeurent assez limités. Ils sont toutefois plus importants pour le niveau de diplôme, les travailleurs les plus diplômés présentant un rapport coût salarial/productivité plus favorable du point de vue de l’entreprise, alors que les peu diplômés ou les moins qualifiés sont au contraire susceptibles de se heurter à des problèmes d’employabilité.
Les organismes internationaux préconisent souvent de prendre en compte la productivité dans la fixation des salaires, mais cette recommandation reste difficile à mettre en œuvre. L’étude montre que les négociations salariales en Belgique permettent que le coût salarial des entreprises/secteurs soit somme toute assez bien aligné sur la productivité. C’est à un niveau plus fin, comme par exemple au sein de secteurs ou pour certains niveaux de diplôme, que des écarts apparaissent.