Communiqués de presse - Transition énergétique: impacts et enjeux économiques pour les entreprises

La lutte contre le changement climatique constitue un grand défi tant pour l'Union européenne que pour la Belgique, y compris pour les entreprises. Elle suppose une transformation en profondeur des modes de production et de consommation d'énergie. En effet, pour amener celles-ci sur les trajectoires tracées dans le cadre des stratégies européenne, nationales et régionales de réduction des émissions de gaz à effet de serre, d'utilisation des sources d'énergie renouvelable et de baisse de la consommation d'énergie, des évolutions majeures, souvent indispensables aux processus de production, s’imposent dans la gestion de leurs inputs énergétiques.

Pour ce faire, différents moyens liés au prix de l'énergie, à la réglementation et au financement d'investissements sont mobilisés. Si les études d'impact mettent en avant leurs effets globalement positifs en termes de croissance, d'emploi, ou encore de diminution de la facture énergétique, il faut concéder que les secteurs d'activité et les entreprises ne sont pas uniformément affectés par ces mesures. Là où, en moyenne, les dépenses énergétiques représentent 2,5 % des dépenses variables des entreprises de l'industrie manufacturière belge, ce poste s’arroge plus de 10 % des dépenses en inputs variables d’un peu plus de 4 % d’entre elles. Les industries intensives en énergie et exposées à l'international sont particulièrement concernées lorsque les prix relatifs de leurs intrants énergétiques évoluent défavorablement vis-à-vis de ceux de leurs concurrents. Ainsi, les industriels belges paient leur gaz et leur électricité respectivement plus de deux et plus de 2,5 fois plus cher que leurs concurrents américains. Comparativement aux proches voisins, les écarts de prix de l'électricité sont aussi désavantageux du fait de l'octroi d'exemptions et/ou de réductions de tarifs aux industriels allemands, français et néerlandais, surtout s'ils sont électro-intensifs. Quant aux consommateurs industriels belges qui utilisent le gaz naturel comme matière première, des taxes plus élevées les pénalisent également par rapport à leurs concurrents dans les trois pays voisins.

Si les trajectoires ambitieuses qui ont été arrêtées impliquent des coûts d'adaptation des équipements et des procédés, a contrario, elles ouvrent cependant la voie à des opportunités de croissance et de développement de nouvelles activités et de nouveaux produits, y compris sur les marchés extérieurs. Il est largement considéré que des innovations, voire de réelles ruptures technologiques, seront nécessaires pour assurer et accélérer la transition, de même que la croissance qui y est associée. Hormis la disponibilité d'un environnement général propice à l'innovation, des politiques d'innovation spécifiquement axées sur les biens et sur les services « bas carbone » sont aussi mises en place: la Belgique a consacré 350 millions d’euros à la R&D dans le domaine de l'énergie, soit l'équivalent de 0,09 % de son PIB, contre 0,15 % pour l'UE28. Or, l'innovation est un élément essentiel de la transition, et il est donc pertinent de maintenir les efforts de R&D afin d'entretenir le flux de nouvelles technologies.

Il est indéniable que les ajustements du tissu économique toucheront également les travailleurs actifs dans de nombreuses branches. La réussite de la transition passera dès lors aussi par une mobilité des travailleurs vers les branches appelées à se développer, avec à la clé l'adaptation des compétences grâce à des mesures d'accompagnement ciblées. Cet appui est crucial si on veut exploiter le potentiel de création (conversion) d'emplois des activités liées à la transition énergétique.

Il appartient tant au secteur public qu'au secteur privé de faire correspondre au mieux les politiques publiques des uns avec les stratégies d'investissement des autres, l'objectif étant d’inciter les entreprises à investir dans les filières technologiques les plus pertinentes pour la transition énergétique.

Ces politiques ne peuvent toutefois pas être définies sans prendre en compte leur dimension européenne. La concrétisation d’une politique européenne commune en matières d’environnement, d’énergie et de sécurité d’approvisionnement aboutissant à un véritable marché unique de l’énergie est une condition sine qua non pour garantir que les décisions prises par les uns et par les autres ne soient pas des sources de distorsion de concurrence et d’inefficacité.