Communiqué de presse - Que se passera-t-il en cas de hausse des taux?

Après une longue période de taux très bas, les conditions économiques favorables et l’évolution attendue de l’inflation justifient le début d’une normalisation graduelle de la politique monétaire dans la zone euro dès la fin de 2018. Dans ce contexte, cet article dresse une vue d’ensemble des possibles conséquences d’une augmentation des taux pour l’économie de la zone euro et pour la Belgique. Il montre que l’impact macroéconomique de cette normalisation dépend des facteurs sous-jacents à la hausse des taux. Par exemple, si la remontée des taux résulte d’une résorption des tensions qui pèsent sur la demande, elle accompagne alors une croissance et une inflation soutenues. Par contre, une augmentation des taux consécutive à une politique monétaire plus restrictive qu’attendu ou à des chocs d’offre négatifs peut coïncider avec des effets de contraction sur l’économie réelle.

Plusieurs éléments peuvent rendre la prochaine hausse de taux différente des précédentes. L’interaction avec les mesures de politique monétaire non conventionnelles en est un: le réinvestissement du principal des actifs achetés par la banque centrale peut continuer de compresser la prime de terme, et ce même lorsque les taux seront en train de grimper. Cette situation tend à aplatir la courbe de rendements; elle risque en outre de brouiller les signaux de la courbe de rendements quant à la probabilité d’une récession économique. Dans le même temps, les banques centrales pourraient encourir des pertes dérivées de leurs portefeuilles d’obligations acquises lors de la mise en œuvre des programmes d’achats d’actifs.

En outre, le relèvement des taux surviendra dans un contexte de dette élevée, ce qui pourrait avoir des implications sur la stabilité financière. L’article montre que ces effets peuvent toutefois être très hétérogènes d’un pays ou d’un secteur à l’autre. Ils dépendent notamment des structures bilancielles et de la transmission des relèvements des taux. S’agissant du secteur public, l’écart entre le taux de croissance et le taux d’intérêt devrait rester encore quelque temps à des niveaux exceptionnellement favorables dans la plupart des pays de la zone euro. En ce qui concerne le secteur privé non financier, la charge de remboursement ‑ déjà relativement élevée pour les ménages belges ‑ pourrait encore s’alourdir, mais cet effet serait atténué dans le cas des emprunts à taux fixe. Par ailleurs, un taux plus élevé pourrait exercer à moyen terme un effet bénéfique sur la charge de remboursement en réduisant le taux d’endettement.

L’article se clôt sur une question ouverte relative à l’évolution de la rémunération de l’épargne détenue auprès des banques après une augmentation des taux. Tandis que les banques pourraient essayer de maintenir les taux sur les dépôts à des niveaux bas pour améliorer leur rentabilité, d’autres facteurs, telle une plus grande facilité pour les ménages pour transférer leurs dépôts vers d’autres institutions ou pour les convertir en d’autres placements, pourraient pousser celles-ci à répercuter la remontée des taux du marché sur leur rémunération des dépôts.