La Banque nationale entend renforcer la résistance des banques belges aux éventuels problèmes relatifs aux crédits hypothécaires et aux chocs immobiliers

Comme elle l’avait promis au gouvernement en juin dernier, la Banque nationale a réalisé une nouvelle analyse des risques liés aux marchés hypothécaire et immobilier. Eu égard à certaines tendances persistantes sur ces marchés qui doivent appeler à un regain de vigilance, la Banque nationale estime, en sa qualité d’autorité macroprudentielle belge, qu’il est nécessaire que les banques belges mobilisent des matelas supplémentaires. Cela ne signifie pas nécessairement qu'un emprunt devienne plus cher. La mesure veut rendre les banques plus résistantes à d’éventuels problèmes en matière de crédits hypothécaires et à d’éventuels chocs sur le marché immobilier, protégeant ainsi à la fois les consommateurs et l’économie belge.

Des évolutions qui incitent à la prudence

Sur le marché immobilier belge, les prix des logements ont poursuivi leur croissance ces 30 dernières années. Au premier semestre de 2017, ils ont encore progressé de 2,6 % par rapport à l’année précédente. La Banque nationale constate que l’octroi de crédits hypothécaires par les banques belges reste soutenu : les montants prêtés s’inscrivent à nouveau en forte hausse (5 à 6 % par an) et les conditions de crédit demeurent particulièrement souples. En outre, l’analyse de la Banque nationale montre que les marges commerciales se sont à nouveau rétrécies en raison de la forte concurrence.

De surcroît, le taux d'endettement des ménages augmente. Un emprunt sur cinq absorbe plus de la moitié du revenu disponible des ménages. De plus, en dépit de la faiblesse historique des taux d’intérêt, la durée des nouveaux emprunts a à nouveau fortement augmenté au premier semestre de 2017.

En raison de l’ensemble de ces éléments, la quantité de prêts hypothécaires risqués dans le portefeuille des banques n’a pas baissé, au contraire, alors que les coussins de fonds propres sont trop limités, ce qui constitue une menace potentielle pour le système financier.

Ces éléments de vulnérabilité ont également été relevés par le Comité européen pour les risques systémiques (European Systemic Risk Board – ESRB) dans son analyse des risques des marchés immobiliers européens en novembre 2016. Cette analyse a donné lieu à un avertissement formel de l’ESRB à l’encontre de 8 pays de l’Union européenne, dont la Belgique. La plupart des pays visés ont déjà adopté un certain nombre de mesures macroprudentielles ou sont en passe de le faire pour réduire les risques liés à leur marché immobilier.

Mesure de protection supplémentaire

Afin de calculer à quelles exigences de fonds propres elles doivent satisfaire, les banques belges utilisent des modèles internes validés par la BNB. À la fin de 2013, la Banque nationale a contraint les banques à relever de 5 points de pourcentage la pondération de risque  de l’ensemble des prêts hypothécaires dans le cadre de ce calcul.

Selon la nouvelle analyse de risques réalisée par la Banque nationale ces dernières semaines, une mesure supplémentaire est requise, outre celle préexistante d’une augmentation de 5 points de pourcentage de la pondération des risques. La Banque nationale envisage une mesure portant plutôt sur le profil de risque du portefeuille global de crédits hypothécaires que sur le profil de risque des prêts hypothécaires individuels. Si une banque constitue un portefeuille hypothécaire plus risqué, elle devra donc mobiliser des matelas plus importants.

Les propositions de la BNB doivent encore recevoir, via les procédures prévues, l’approbation de la BCE et d’autres instances européennes.